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Vie privée

 Chrétien-Henry Kiener, dit Christian, est né le 16 novembre 1807 à Hunawihr (Haut-Rhin) de Jean-André Kiener (1764-1830) et Marie Suzanne Flach (1764-1852). Il épouse en 1833 à Riquewihr (Haut-Rhin) Louise Deckeherr (1814-1880), originaire de Montbéliard. Tous deux sont de confession protestante (calviniste). De leur union, naissent six enfants dont seuls trois survivent : Juliette (1834-1920), Georgina (1837-1908) et Christian-Roger (1845-1904). Tous les trois furent élevés selon l’éducation et les principes calvinistes, soulevant parfois critiques et curiosité des populations catholiques, majoritaires dans les Vosges. Christian Kiener est décoré de la Légion d’honneur en 1868. Il décède en mars 1896 à Paris et, selon ses dernières volontés, il est enterré au cimetière de Monthureux-sur-Saône.

Christian Kiener, l’industriel

Dès 1837, à trente ans, Christian Kiener se lance dans l’activité textile. Associé dans un premier temps à son frère Jean-André Kiener, ils quittent tous deux leur Alsace natale et s’associent au mulhousien Grimm pour acheter et exploiter la filature de Monthureux-sur-Saône, créée en 1824 par Lapique et Bautière, reprise, de 1835 à 1837, par Charles François Châtel. Installé à La Perche-sur-Saône, Christian Kiener rachète les parts de Grimm en 1839. L’usine est détruite en 1858 lors d’un incendie. Christian Kiener, propriétaire depuis 1856, des anciennes usines Larger et Cie d’Éloyes, créées en 1845, décide avec son épouse de s’installer à Éloyes. L’usine de Monthureux est alors cédée à son gendre Édouard Bresson, époux de Juliette Kiener, qui va entreprendre sa reconstruction en 1860. Elle sera cependant définitivement fermée lors d’un nouvel incendie en 1899. À Éloyes, il développe l’entreprise. Le nombre de métiers à tisser passe de 140 à 319. En 1877, il s’associe avec son fils Christian-Roger : ils fondent tous deux la société en nom collectif « Christian Kiener et fils ». L’usine est modernisée et en 1890, un nouveau bâtiment est construit à proximité de la première usine, qui compte jusqu’à 930 employés. Christian-Henry Kiener décède en 1896. Son fils reprend l’entreprise mais décède en 1904. L’entreprise reste aux mains de la famille Kiener. Sa deuxième épouse, Camille-Aimée Thierry et ses deux fils, Jacques et Roger fondent la société anonyme « Établissements Kiener, ancienne maison Christian Kiener fils ». L’usine cesse toute activité pendant la première guerre mondiale. Victor Tenthorey devient actionnaire principales en 1918 et en 1948, l’entreprise est entièrement entre ses mains sous le nom de « Manufacture V. Tenthorey, filature et tissage d’Éloyes, anciens établissements Kiener, ancienne maison Kiener et fils ».

Chistian Kiener, l’homme politique

 En marge de son activité professionnelle, Christian Kiener a eu une carrière politique très importante. Il participe très vite à la vie communale de Monthureux-sur-Saône. Il devient adjoint au maire jusqu’en 1858. Dès son arrivée à Éloyes, il se présente aux élections municipales de 1861, qu’il remporte. Il occupe cette fonction jusqu’en 1866. Il s’installe ensuite à Épinal et se présente à deux élections importantes : les municipales et consulaires. Il devient le premier magistrat d’Épinal de 1867 à 1871. Son mandat est marqué par l’occupation prussienne de 1870 ; il devient pendant l’occupation préfet des Vosges et sait tenir tête aux exigences des occupants. En parallèle, restant avant tout un industriel, il se présente à la première élection consulaire de la chambre de commerce et d’industrie d’Épinal, fraîchement créée par décret de Napoléon III, le 13 décembre 1866. Il en est président jusqu’en 1877. Son action principale se caractérise par la rédaction de nombreux rapports et réponses aux enquêtes parlementaires ; il place Épinal et le département des Vosges au premier rang des régions textiles, détrônant ainsi Mulhouse et sa région. Dès la fin de son mandat spinalien, Christian Kiener est élu conseiller général du canton de Monthureux-sur-Saône en 1871 : il occupera ce poste jusqu’en 1886. Il devient enfin sénateur des Vosges de 1882 à 1896.

Le fonds 132 J met en avant la vie politique de Christian Kiener. Sa vie politique est surtout marquée par son mandat municipal à Épinal lors de l’occupation allemande pendant la Guerre de 1870. Christian Kiener est également le premier président de la chambre de commerce et d’industrie d’Épinal, créée en 1866.

Le fonds est essentiellement composé de correspondance, de quelques pièces concernant sa famille et de quelques dossiers relatifs à ses différentes fonctions politiques.

Les reproductions sont soumises aux dispositions au Code de la propriété intellectuelle et au règlement de la salle de lecture des Archives départementales des Vosges en vigueur.

COURROY (Francis-Henri), Histoire de la Chambre de commerce et d’industrie d’Épinal, 125 ans au service de l’économie vosgienne, G. Louis, 1991, p. 177-178 [Arch. dép. Vosges, In-4° 381].

JOLLY (Jean), Dictionnaire des parlementaires, notices biographiques Notices biographiques des ministres, députés et sénateurs français de 1889 à 1940, Paris, Presses universitaires de France, 1977, t. VI, p. 2055 [Arch. dép. Vosges, In-8° 354].

MICHEL (Marie-Françoise et Jean-François), « La Guerre de 1870 à Épinal vue par son maire », Annales de la Société d’émulation des Vosges, n°2, 1984, p. 79-82 [Arch. dép. Vosges, JPL 717/12].

MICHEL (Marie-Françoise et Jean-François), Histoire d’un bourg lorrain des bords de Saône : Monthureux-sur-Saône, 1789-1914, entre la terre et la fabrique,  Seichamps, impr. Offest-Lorraine, 1981, p. 69-85 [Arch. dép. Vosges, In-8° 3061].

POULL (Georges), L’industrie textile vosgienne (1765-1981), 1982, [Arch. dép. Vosges, In-4° 381].

ROBERT (Adolphe), Dictionnaire des parlementaires, Genève, Slatkine Reprints, t. III, p. 464 [Arch. dép. Vosges, In-8° 3598].

RONSIN (Albert), Les Vosgiens célèbres, Vagney, édition Gérard Louis, 1990, p. 204-205.